Je m’appelle Edurne Arostegui, j’ai 29 ans. Je suis née à St. Helena dans le nord de la Californie. Mes parents ont émigré du Pays basque aux Etats-Unis à la fin des années 80 et depuis ils vivent aux Etats-Unis. Je pense parfois qu’ils sont plus américains que moi !
Aux Etats-Unis as-tu fréquenté un centre basque?
Non, pas de façon régulière. Le centre basque le plus proche est à South San Francisco et nous y allions quelquefois, mais nous n’avons jamais été membres. Mon père, lui est plus impliqué et participe à certaines activités. Je pense que si nous avions habité plus près, peut-être aurait-on eu plus de contacts avec le centre basque. Mon unique famille aux Etats-Unis est composée de mes parents et ma sœur ; nous n’avons jamais eu un véritable sentiment de communauté basque même si nous avons maintenu certains aspects de la culture à la maison.
Depuis quand vis-tu au Pays basque et pourquoi as-tu fait le choix de venir?
Je suis venue au Pays basque fin 2010 quand j’ai terminé l’université. Au départ, j’étais venue pour l’été et pour m’occuper de ma grand-mère. Et puis, comme on m’a proposé un travail, je suis restée. Je suis professeur d’anglais et ça me plait, même si je n’avais jamais pensé être professeur de langues. Je n’étais pas vraiment sure de ce que je voulais étudier après la licence ; j’avais fait des études de musique et d’histoire, mais c’est ici que j’ai commencé à me passionner pour l’émigration basque et que j’ai commencé un master et maintenant un doctorat en histoire à l’Université du Pays Basque. J’étudie la création de l’identité Vasco-Américaine à travers l’analyse des stéréotypes dans la littérature.
Tu connaissais le Pays Basque avant de venir?
Oui, quand j’étais petite avec ma famille nous venions voir la famille pendant l’été tous les deux ans. J’ai toujours été en contact avec ma famille et mes amis, mais le fait de venir vivre ici a changé ma façon de voir les choses. Il y a une grande différence entre aller en vacances dans un pays et y vivre alors que la langue, la culture et les normes sociales sont différentes.
Comment imaginais-tu la vie au Pays basque toute l’année ? les gens ? la culture ?
Quand j’étais petite j’imaginais le Pays basque comme un pays beaucoup plus rural. Comme je vis à Getxo, près de Bilbao, j’ai appris beaucoup de choses sur différents aspects de l’histoire du Pays basque, comme la prospérité industrielle et son déclin à l’époque où mes parents sont partis. Les gens ici sont sympas mais aussi un peu fermés : c’est difficile de se faire des amis quand la plupart des gens se connaissent depuis toujours. Ici, la culture est beaucoup plus publique. J’étais habituée à passer plus de temps à la maison avant de venir ici, mais ici tout tourne autour de la vie extérieure, dans la rue et dans les bars.
Qu’est ce qui te plait ici que tu as connu de nouveau?
Je sais que c’est un lieu commun, mais je dirais la cuisine!! Mais aussi une culture décontractée et le fait que tout est proche.
Qu’est-ce que tu trouves de très différent avec les Etats-Unis?
Tout est différent. Les gens aux Etats-Unis ont un rythme de vie plus rapide et ils pensent toujours au futur. Au contraire, les gens ici profitent du présent et ont des vies personnelles très actives. Aussi en comparaison avec la Californie, ça a été difficile de m’habituer au froid et à la pluie. Depuis que je suis ici, je n’avais jamais eu aussi froid et je n’avais jamais utilisé autant de parapluies de toute ma vie aux Etats-Unis.
Qu’est ce qui te manque le plus?
Ma famille et mes amis, la cuisine et la diversité me manquent. Ici les gens sont plus fermés et jugent très vite, mais je leur en veux pas. L’immigration est un phénomène récent et ils n’y sont pas encore habitués. Je pense qu’avec le temps, le Pays basque va s’ouvrir de plus en plus.
Tu parles basque? Ou tu es entrain de l’étudier? Il te semble important de le parler?
J’ai commencé à apprendre le basque quand je suis arrivée, mais j’avoue que c’est assez difficile. La grammaire en soi ne me paraît pas si compliquée, mais le parler te fait changer ta façon de penser. Je continue à travailler et j’espère l’apprendre, même si je ne me mets pas d’échéance. Personnellement c’est important pour moi de l’apprendre car je pense que c’est un élément important de la culture et de la société.
Combien de temps vas-tu rester ici?
Je ne sais pas. Je suis très bien ici, mais quelque chose en moi me donne toujours envie de bouger et de connaitre de nouvelles cultures. J’aimerais beaucoup vivre dans le nord de l’Europe ou en Angleterre, mais cela le futur nous le dira. Ce que je sais, c’est que je reviendrai et que mon expérience ici m’a changée.