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Raconte-nous le corona|Zoé Bray de Réno au Nevada

Qui es-tu ? Où habites-tu? Depuis quand? Pourquoi?

Je m’appelle Zoe Bray

Je vis à Reno, au Nevada (États-Unis), depuis 2018. Avec mon compagnon, qui comme moi est né en Europe, nous avons choisi de nous établir ici parce que nous aimons les vastes espaces de l’Ouest américain et nous avons eu la chance de trouver des opportunités professionnelles. Il y a aussi un lien avec mon passé familial : mon arrière-grand-père est parti de Baxe Nafarroa pour travailler comme berger au Nevada pendant quelques années au début du siècle dernier. 

Quelles mesures ont été prises par les autorités locales pour lutter contre la pandémie ?

Les entreprises dites « non-essentielles » sont fermées depuis la mi-mars, tout comme les écoles et de nombreuses institutions publiques. Il y a débat sur ce qui constitue une entreprise « essentielle », mais dans l’ensemble, à l’exception des supermarchés et des hôpitaux, la ville est au point mort. La distanciation sociale a été largement acceptée, et on incite les gens à rester chez eux.

Au Nevada, l’impact de la crise du coronavirus est particulièrement lourd. L’économie du Nevada dépend fortement du jeu et de tout ce qui gravite autour des casinos. Des milliers de personnes ont déjà été licenciées. Les gens ont peur de perdre leur maison, de perdre leur voiture, de perdre leur assurance maladie, de perdre leur capacité de nourrir leurs familles. Le gouvernement fédéral a annoncé des mesures de soutien financier, mais elles sont toujours en attente et il n’est pas clair qu’elles soient suffisantes. Pour rendre encore plus grave les choses, beaucoup de gens au Nevada, comme ailleurs aux États-Unis, ont peur d’aller voir un médecin parce qu’ils manquent d’assurance santé et ne peuvent pas faire face aux factures médicales exorbitantes.

Pensez-vous que les mesures proposées sont raisonnables / suffisantes ? Pourquoi ?

 Je pense que la distanciation sociale est une mesure nécessaire.

Quelles mesures avez-vous choisi de prendre ?

 Nous pratiquons la distanciation sociale et ne rencontrons personne. Lorsque nous allons faire des courses, nous portons des masques que nous a donnés un voisin. Nous nous lavons souvent les mains. Par contre, nous évitons d’utiliser des lingettes jetables et des produits chimiques, compte tenu des dommages que ceux-ci causent pour l’environnement. Une fois cette pandémie terminée, nous aurons toujours besoin d’un monde naturel sain !

Comment réagissent les gens autour de vous ? Est-ce que vous et ceux qui vous entourent vont travailler ?

 Les gens ont pris du temps à se rende compte de la gravité de la situation. Mais ils prennent maintenant les choses plus ou moins au sérieux. La distanciation sociale est largement pratiquée. Comme ailleurs, les supermarchés n’avaient plus de papier toilette, de farine et de gel désinfectant pendant plus de trois semaines. Mais ces articles sont maintenant de retour sur les étagères.

Peux-tu travailler chez toi? Si tu dois  rester à la maison, avec qui habites-tu ?

Mon compagnon et moi travaillons à la maison. 

En tant qu’artiste, je me suis dédiée depuis un certain temps à un projet de peindre les portraits des Basques du Nevada. Les personnes qui posaient pour moi venaient à mon atelier et nous passions ensemble plusieurs heures par jour, plusieurs jours par semaine. Actuellement, je ne peux plus travailler comme cela. Des expositions que j’avais planifiées au Pays Basque et dans le Nevada sont en suspens, tout comme des présentations prévues et des commandes de portrait. Par contre, je fais des dessins de scènes de la vie de tous les jours que je publie sur Instagram (https://www.instagram.com/zoe.bray.75/) et sur mon blog (www.zoebray.com).

Heureusement, mon compagnon et moi ne sommes pas confrontés à des difficultés économiques. En tant qu’artiste, je suis habituée à un environnement commercial instable et je dois de toute façon prévoir de faire face à des moments difficiles.

Nous avons deux enfants, de sept et cinq ans, et maintenant que leurs écoles sont fermées nous passons beaucoup de temps ensemble. Jusqu’à présent, cela a été une des très belles conséquences de cette horrible crise. Nous apprécions beaucoup le temps que nous passons ensemble.

Comment restes-tu en contact avec tes amis et ta famille ?

Zoom est le forum social virtuel que nous utilisons avec nos amis à Reno. Avec la famille et les amis en Europe, nous communiquons par WhatsApp.

Comment passes-tu le temps ?

Avec deux enfants à la maison et le travail, je n’ai pas de temps à tuer. Nous avons la chance d’avoir un jardin, dans lequel nous faisons du compost et nous plantons des légumes. Nous sortons pour faire des promenades et du vélo – le Nevada est riche en terres publiques et en grands espaces et il n’y a aucune restriction de distance en ce qui concerne ces sorties. 

Es-tu inquiète?

Je suis très inquiète quand je pense à ce qui pourra se passer à nos sociétés et à nos valeurs démocratiques dans le cas d’un état d’urgence prolongé, vu les nombreuses personnes confrontées à de terribles crises sanitaires et / ou à des difficultés économiques. Je suis également très concernée par les dommages que nous infligeons à la planète. Nous devons prendre cette crise comme un signal d’alarme afin de changer de système.

Quelque chose de positif à dire ? Une anecdote ?

Beaucoup de choses positives : le sens de communauté au niveau local et la gentillesse des personnes qui nous entourent ; la diminution radicale de la pollution routière ; le rythme plus lent de la vie quotidienne. En tant qu’artiste, la crise du coronavirus m’a obligée à explorer de nouvelles voies de créativité, comme par exemple dessiner mes observations de la vie quotidienne pendant la crise du coronavirus avec une touche d’humour. Je regrette de ne pas pouvoir être en contact avec les autres membres de la communauté basque locale à travers mon projet de portraits, mais nous restons en contact par téléphone et par email et cette forte connexion perdure.