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ELENA | À NEW YORK

– Qui es-tu ?

Je m’appelle Elena, j’ai 25ans et je suis originaire de Cambo-les-Bains.

– Où vis-tu en ce moment, pourquoi et depuis quand ?

Je suis arrivée à New York il y a maintenant trois ans avec l’objectif d’améliorer mon anglais.

– Ton départ s’est-il bien passé ? Ton arrivée là-bas ?

J’ai d’abord passé trois mois dans le New Jersey en tant que fille au pair. Cela m’a donné l’occasion de passer la plupart de mes week-ends à Manhattan et de me familiariser avec la ville de New-York. Au bout de trois mois et après un mois de vacances en Amérique du Sud, je suis revenue sur New-York et j’ai réservé une chambre dans une auberge de jeunesse à Manhattan, j’ai trouvé du travail les jours qui ont suivi.

– Ton expérience ? Ton travail ?

Comme je travaille dans la restauration, il a été assez facile de trouver un boulot de serveuse. Les Américains sont très ouverts et les opportunités ne manquent pas quand tu es un peu bosseur. Le service est très différent ici. On est payé majoritairement grâce aux pourboires. Les serveurs sont donc généralement très contents quand les clients franchissent la porte.

– Ton quotidien ?

J’habite dans le quartier Nolita de Manhattan qui est très dynamique. Je travaille généralement 4 soirs par semaine, j’habite à 30 min à pied de mon travail, dans le quartier de GramercyPark. Quand je ne travaille pas, j’aime aller tester des restaurants que je ne connais pas, aller voir des concerts et, quand le temps le permet, aller me promener à Prospect Park ou aller danser aux Tiki Disco de Brooklyn.

– Avant de partir, parlais-tu anglais ?

J’ai passé 6 mois à Londres juste avant de rejoindre New-York, malgré cela, mon anglais était assez proche du 0.

– As-tu eu le temps de connaître et visiter le pays ?

Très peu (Washington DC & Miami seulement). En fait, jusqu’à présent, j’ai privilégié les pays voisins (le Canada, l’Amérique Latine ou encore les Caraïbes) parce qu’une semaine de vacance aux États-Unis vaut trois semaines dans ces pays-là. Mais cette année, c’est l’Amérique : Austin, Texas et la Californie !

As-tu fait la connaissance de locaux ? Les gens sont-ils sympas avec toi ?

Les gens de New-York sont en fait de partout dans le monde. Évidemment tu as aussi des natifs New-Yorkais mais tous mes amis sont là depuis 10, voire 15 ans, ils sont turcs, français, libanais, iraniens, hawaiiens et à la fois tous New Yorkais. Ici même, quand tu sors seule tu ne restes pas plus de 10 min seule avant que des gens t’invitent à te joindre à eux.

– Pourquoi as-tu quitté le Pays Basque ?

J’ai quitté le Pays Basque d’abord pour faire mes études, parce que j’avais été acceptée à l’université de Lille puis Paris. Londres n’étais pas très loin alors pourquoi pas y aller apprendre l’anglais et de fil en aiguille j’ai atterri à New York…

Vas-tu à l’Euskal etxe la plus proche, pratiques- tu la culture basque ? La langue ?

J’y suis allée quelques fois pour des soirées, j’y ai rencontré Iker qui en organisait quelques-unes, mais il est retourné en Euskal Herri. J’y étais aussi pour la Korrika et j’espère aussi pouvoir y aller pour Aberri Eguna. Sinon, j’écoute souvent de la musique basque à la maison, j’essaie de manger avec des produits de chez nous, et parle du Pays Basque à mes copains ou même à mes clients du restaurant comme le sénateur Chuck Schumer qui me pose à chaque fois pleins de questions ! J’ai aussi convaincu le sommelier du restau de faire rentrer sur la carte l’Irouleguy Arretxea Cuvée Haitza

Ton entourage là-bas connaît-il le pays basque ? Le pays basque nord ?

Beaucoup d’Américains ne connaissent que le Pays basque sud, puis quand je leur dit Biarritz ou Saint-Jean-de-Luz « Oh my god ! I love Biarritz / St-Jean, I didn’t know It was part of the Basque country » … Bon même si certains seront d’avis concernant Biarritz, tout de même, heureusement que nous sommes là, expats pour valoriser nos terres !

As-tu l’occasion de voir des Basques ?

Peu, disons que j’en rencontre une fois tous les six mois par hasard dans des bars ou des restaus. Sinon ma famille et amis viennent me rendre visite quand même assez régulièrement.

-Utilises-tu l’Euskara là-bas ? Comment ?

Seulement quand je rencontre ces gens-là ou quand j’appelle les amis et la famille. Et puis tu trouves ce que tu veux ici. Tu vas à Chinatown t’as des milliers de Chinois qui ne parlent même pas anglais pour la plupart, tu peux y manger même à 4h du mat. À Soho, c’est chic, c’est beau, tu y fais les soldes toute l’année, tu traverses le pont de Brooklyn, tu vas à Lee St le quartier juifs orthodoxe que je ne me lasse pas d’aller visiter, tu es dans un autre monde, les mecs ils vivent dans une autre époque. Puis plus haut Williamsburg les bars rock, électro, punk, 7j sur 7 24h sur 24h…

-Qu’es ce que tu aimes là-bas ? Qu’est ce qui te manque d’Euskal Herri ? Qu’est-ce qui te déplaît ?

Ce qui me manque en Euskal Herri, la proximité avec les gens. Ce communautarisme en quelque sorte, qui prend beaucoup de valeur quand tu pars loin. Être avec les copains, la famille, la famille des copains qui est aussi ta famille… prendre des cafés chez les uns les autres, et se rejoindre pour une bière ou un poteo… Enfin, bien sur les terres ! C’est un luxe de pouvoir te réveiller le matin et décider au dernier moment si tu iras passer ta journée à la montagne ou à la mer… Ici tu peux te faire des nouveaux copains tous les jours si tu veux, mais généralement ce sont des copains d’une soirée. On habite loin les uns des autres, Brooklyn, Queens, Manhattan, se rejoindre pour un café peut prendre 45 min, on a tous des mini apparts parce que ça coûte super cher et un verre de vin dans un bar te coute minimum 10 $. Même mes amis il m’arrive de les voir parfois qu’une seule fois dans le mois alors qu’on habite tous Manhattan. Et puis c’est fatiguant comme ville, il faut vraiment pouvoir partir au moins un week-end de temps en temps sinon t’exploses, ça ne s’arrête jamais.

Est-ce que tu t’es sentie plus basque là-bas qu’ici ? Pourquoi ?

Je me suis sentie plus basque le premier jour où je suis partie, à Paris déjà, je me suis vite rendue compte que ma culture était très différente de la leur. Un peu pour toutes les raisons que j’ai déjà exposées plus haut mais aussi pour les différences d’intérêts. Parce qu’on a été sensibilisé à la politique du pays, jeune, on s’intéresse souvent à l’histoire des autres peuples opprimés et pays révolutionnaires. On a tous déjà lu des bouquins sur le Che et c’est d’ailleurs souvent vers là-bas que nos premiers voyages se déroulent.

As-tu envie de rentrer au Pays basque ?

Oui mais pas tout de suite. Idéalement j’aimerais pouvoir rentrer un à deux mois tous les ans (ce qui est loin d’être le cas pour le moment) et revenir m’installer au moment où je serai prête à fonder une famille. Cela dit, je n’ai pas envie non plus de rester à New-York, donc je réfléchis à la prochaine destination.